Translate
Rechercher dans ce blog
Wikipedia
Asma' of Yemen, winds and peaks !
دعاء من صنعاء
إلهي ادعوك دعاء من اشتدت فاقته وضعفت قوته وقلت حيلته دعاء الغريق المضطر البائس الفقير الذي لا يجد لكشف ما هو فيه من الذنوب إلّا أنت فصل على محمد وآل محمد واكشف ما بي من ضر إنّك أرحم الراحمين
— صنعاء (@aldal78ggkh) December 20, 2022
Parenté des langues européennes, des langues sémitiques et du Berbère.
Linguistique :
Nostratique, Afrasien, Indo-Européen.
Parenté des langues européennes,
des langues sémitiques et du Berbère.
Prologue
Soyons clairs. Je ne suis ni linguiste ni historien. Je suis un autodidacte. Aussi, dans ce document, le lecteur trouvera des idées simples, exposées clairement sans aucune partialité.
Je m’intéresse aux langues et à l’histoire depuis mon plus jeune âge. J’ai suivi les recherches linguistiques et historiques. Je me tiens à jour et je suis au courant des nouveautés scientifiques.
Et depuis le temps, je me suis fait des convictions personnelles sur le pourquoi et le comment des choses. Je me suis longtemps posé des questions sur la relation entre l’Indo-Européen et le Sémitique que je connais bien puisque l’Arabe est ma langue mère. Cette compartimentation des langues et leur hiérarchisation ne m’ont jamais satisfait. De l’origine des Berbères m’a conduit à lire un certain nombre de livres. Aucun ne m’a réellement convaincu.
Jusqu’à ce que je découvre cette hypothèse d’une macro-langue commune. J’ai réalisé tout de suite que c’était quelque chose de sérieux puisqu’elle répondait d’emblée à toute une panoplie de questions jusque-là insolubles. On tenait enfin un fil solide. Les détails importent peu pour l’instant. Tout se mettra en place progressivement.
Des réticences ont été observées, notamment lors de la formulation de cette hypothèse. Certains ne voulaient pas aller aussi loin pour des raisons idéologiques que l'on peut deviner sans peine. Cela a retardé la préparation de la base de données lexicale et grammaticale capable de lui octroyer une certaine crédibilité et de donner une impulsion réelle aux recherches.
Le travail préliminaire a tout de même été fait par des linguistes du temps de l'URSS. Nous disposons actuellement d'un dictionnaire volumineux sur ce sujet. Il est vrai que sa lecture n'est pas facile pour le néophyte qui ignore la transcription et la terminologie de la linguistique.
Il s'agit, en l’occurrence, d'un ouvrage de Dolgopolsky, édité en 2008 sous le titre de "Nostratic Dictionary". Cet ouvrage est disponible sur "archive.org".
Il s’agit de nos jours de se méfier de certaines tendances aux buts inavoués. Elles interprètent les faits d’une manière qui ne sert ni l’intérêt de la science ni celui de la Vérité. Elles profitent des nombreuses obscurités historiques pour faire admettre des points de vue erronés qui ne font que retarder la marche de la science en semant sur son chemin des obstacles inutiles. Car la science parvient toujours à écarter de sa route les hypothèses farfelues mais cela disperse ses forces et ralentit son allure.
Par ailleurs, il me semble nécessaire de signaler une confusion courante entre la notion de groupe linguistique et celle de groupe ethnique. Un groupe ethnique est unique. Un groupe linguistique désigne des populations qui ne sont pas nécessairement de la même ethnie mais dont la langue mère est la même. L'exemple des Etats-Unis est clair à ce sujet. L'anglais s'est imposé à différentes ethnies en tant que langue véhiculaire pour devenir par la suite leur langue vernaculaire. Car la langue est un outil de communication. Le bilinguisme nécessite des efforts supplémentaires que les gens répugnent à fournir d'emblée. Ils ont tendance à abandonner leur ancien idiome au profit de la langue véhiculaire ou le Koinè qui leur permet de parler la même langue au travail et à la maison. Ce n'est pas une chose nouvelle. Elle offre de nombreux exemples dans le passé. Les Arabes (groupe linguistique) sont formés par une multitude de groupes ethniques dont parfois seule la langue est le dénominateur commun.
Ainsi, des Berbérophones et des Arabophones peuvent appartenir au même groupe ethnique mais sans appartenir au même groupe linguistique.
Sachez tout de même, qu'en Histoire, il n'y a pas de fruit savoureux car elle est le domaine de la guerre et de l’hégémonie, du maître et de l’esclave, de la force et de la faiblesse, de la bravoure et de la trahison. Elle est truffée d’actions pétries dans la volonté humaine, les intérêts personnels, l’amour du gain et du pouvoir.
Le présent offre toujours une image plus ou moins claire du passé. Nous savons tous que l'Histoire se répète. Les mêmes itinéraires, les mêmes actions, les mêmes refuges et les mêmes décisions s'égrènent au fil du temps.
Ainsi, un évènement se reproduit, autant de fois que nécessaire, pareil à lui-même, lorsque les circonstances l’exigent.
1
Quelques termes du lexique commun
Abricot برقوق
Acheter اشترى
Agile عجل
Aider أيد
Amer مر
Amnésie نسيان
Antique عتيق
Attraper : yeṭṭef, خطف
Blé بر
Boire بئر
Buy باع
Ces deux termes semblent présenter une ambiguïté. Il n’en est rien. Acheter et vendre veulent dire la même chose quand il s’agit de troc.
Câble حبل
Call قال (sens antique)
Canal قناة
Carafe غراف
Casser كسر
Causer قصر
Chameau, camel جمل
Charme كرم
Chat, cat, gato, (am)cic (amchich) قط
Chiffre صفر
Choc صك
Cime قمة
Citer سطر
Coffin كفن
Cold جليد
Collier قلادة
Comme كما
Coton, cotton قطن
Corbeau غراب
Coupe كوب
Couper (couteau) قطع
Coupole قبة ِ
Couvrir, Cover كفر
Débile بليد
Débrouiller دبر
Démolir دمر
Dire Tell تلا يتلو
Drop ذرف
Dy دية (compensation donnée aux parents du mort).
Earth, terre, tam(urt) أرض
Et و
Fetch فتش
Faire : فعل
Gargariser غرغر
Gens جنس
Geôle غل
Glèbe قليب
Gold قلادة
Good جيد
Goule غول
Goutte قطرة
Guilt غلط
Head هَوَّدَ (hocher la tête de sommeil)
Hégémonie هيمنة
Hello هلا، أهلا
Help حلْف hilfe (Allemand) ayuda (Espagnol) أيّد, aiutu (Corse)
Héritage إرث
Humer شمsmell
Inonder ندى
Isoler عزل Isola (Italien), isle (Anglais, Latin), île.
Jarre جرة
Kill قتلgideli (Amharique)
Lier لي، لوى
Lire لغا
Magasin مخزن
Maison مسكن
Malade مريض
Marcher مشى
Mélanger مرج
Mouiller ماء
Noyau نواة
Œil, eye, allen عين
Or (metal) أورى allumer
Ou أو
Refuser رفض
Rendre رد
Rêver غفا
Rideau رداء
Roter غط
Ruisseler غسل
Ruser غش
Salut صلاة
Shout صوت
Soc سكة
Son صوت
Sourire سرور
Taureau ثور
Tour دور
Trou ثغرٍ
Hordeum : il est possible que le terme latin pour orge provienne du Berbère irden (voir plus loin)
La relation entre certains mots ne semble pas évidente en raison de la divergence des sens. Que le lecteur sache que le sens des mots peut changer avec le temps tout en gardant des traces du sens originel. Il s’agit donc de l’identifier.
Par exemple entre or, awra et awraɣ, wurɣ, respectivement or (Français), allumer (Arabe), (jaune ou or) (Berbère) le sens primitif devait être la brillance, l'éclat, la couleur. Ce même mot se retrouve en Berbère dans aggur (ayur, yur) lune et dans “wariq” en Arabe (argent). Le sens primitif s'éclaircit un peu plus avec ces deux derniers exemples. Prenons deux autres termes : Berbère : awgaḏ(peur) et wajd (وجد) brûlure (du cœur), amour, nostalgie, le sens général désignait alors un sentiment (de peine) puis il s'est spécialisé au cours du temps.
Je vous propose de parcourir les langues et de rechercher le terme "cat" ou "chat". Ce mot est presque universel.
Cat, chat, فط, amchich (Berbère),كيط (Ourdou), mouchouk (Ouzbek), mou'chouk (Ouïgour), kot (Polonais), katou (Arménien), katoua (Basque), kochka (Russe), katt (Suèdois), cat (Corse), cattus (Latin), qattus (Maltais), kedi (Turc), meutche (Tatare), pichik (Turkmène), michik (Kirghize), matchka (Slovène).
On s'aperçoit qu'il ya trois racines: kt, mch, ps (ou fs). Les trois racines sont utilisées chez nous : gaT, amchich, bicha.
Cherchons maintenant le terme "chien".
kelb (Arabe, Hébreu, Maltais), aqZen, aqjaw, aydi (Berbère) skylos (Grec), canis (Latin) qen (Albanais), caine (Roumain), kata (Ourdou), kitta (Hindou), Kitya (Hongrois), hund (Allemand, Suédois, Danois), Hound, dog (Anglais), wisha (Amharique), pies (Polonais), pes (Tcheque, Uktainien), pas (Serbe, slovène), txakurra (Basque), kukura (Bengali), koira (Finnois), kare (Haussa), kuri (Maori), madra (Irlandais), sobaka (Russe), kytche (Bulgare, Macédonien), it (Kazakh, Azeri, Kirghiz), et (Tatare), Eey (Somali), seh (Kurde), seg (Persan), suns (Letton), shun (Arménien), shuo (Lithuanien), perro (Espagnol), cadela (portugais)....
Il y a beaucoup plus de racines pour "chien" que pour "chat". Le chat a, probablement, été domestiqué avant le chien, lorsque les groupes humains étaient encore peu nombreux.
2
Interprétation
La lecture de cette liste donne l'impression qu'il s'agit d'un phénomène d'emprunt lexical réalisé à différentes époques. C'est à dire que les langues indo-européennes se sont trouvées au contact des langues afro-asiatiques à plusieurs reprises favorisant ainsi des échanges sporadiques de termes usuels.
Si cette interprétation est convaincante pour la période du Moyen âge qui a connu des échanges culturels entre les deux familles de langues notamment à travers l'Andalousie, elle perd tout fondement lorsqu'il s'agit de termes censés constituer la base lexicale d'une langue.
Par exemple, le terme "earth" qui est exactement le même que celui de "ardh" (Arabe) ou "arsatum" (Akkadien) donne à réfléchir. Ni la langue anglaise ni la langue arabe (ni la langue berbère d’ailleurs) n'ont eu besoin d'emprunter un mot pour désigner une chose aussi banale que "la terre" ou "le sol". Il en est de même pour les termes "cat", "call" ou "kill".
Earth (rt) : cette racine se retrouve dans le mot berbère tam(urt). Les deux lettres "t" et "m" servant respectivement à désigner le féminin et à former des noms en Sémitique et en Berbère ne font donc pas partie de la racine. Nous avons également le mot "terre" en Français. De la racine "rt", il ne reste que le "r" mais on retrouve la racine dans "terrestre" (rs ou rt) à moins que la racine ne soit inversée.
Mère : umm (Arabe), yemma (Berbère), mother (Anglais), umama (Khoïsa), mater (Latin), mamma (Corse), ema (estonien), mama (Swahili), omm (Maltais), ummu (Akkadien), amma (Tamoul), mama (Russe), ama (Basque), mam (Gallois).
La racine initiale semble être le "m" auquel s'est greffé un "r" dans les langues indo-européennes (mother, mater, mère, mitera (Grec), mayrik (Arménien), mor (Danois), madre (Espagnol), mader (Persan), mathair (Irlandais), mutter (Allemand). Le « r » semble indiquer une appartenance à la famille. (père, mère, frère, sœur). Le "m" a été parfois doublé pour donner plus de force au terme.
A fortiori, il ne s'agit donc pas d'emprunts. Dans ce cas, il n'est pas absurde de supposer que l'existence de termes communs de base ne peut s'expliquer que par une lointaine filiation, un lien de parenté du temps de la genèse de ces langues.
3
Tentatives historiques
Les sociétés actuelles, leurs langues, leurs coutumes sont les effets de causes et de processus historiques dont certains sont connus, d'autres soupçonnés, d'autres encore totalement inconnus.
La dernière glaciation, qui a duré 100.000 ans, a affecté toute l’humanité en provoquant des changements climatiques et topographiques importants. Le début et la fin de cette période glaciaire se sont caractérisés par des changements climatiques brutaux dont la durée ne dépassa guère quelques années. Le Nord de l’Europe et de l’Asie a été envahi par les glaciers.
Des mers et des détroits ont, totalement ou partiellement, gelé. Le golfe persique a été recouvert par les glaces durant des millénaires.
Des passages entre les continents ont été comblés par les glaces. Ils ont ainsi pu être empruntés par des groupes humains pour s’installer dans des contrées inaccessibles auparavant. Ainsi, l’Amérique a été peuplée par des Asiatiques, il y a environ 12000 ans selon la datation des plus anciennes traces préhistoriques relevées.
Le maximum glaciaire aurait été atteint il y a 22 000 ans environ. La surface habitable de la planète a été fortement réduite. Les groupes humains ont convergé vers des territoires plus cléments.
Mais, il y a 10.000 ans, la terre s’est réchauffée. Le niveau des mers serait monté graduellement de 120 mètres. La fonte des glaces a inondé les terres côtières et fermé les passages ouverts auparavant, isolant à leur tour, durant des millénaires des populations entières, loin du tumulte d’un monde qui les ignorait. Mais elle a aussi ouvert les passages bloqués par les glaciers. On peut imaginer sans peine, la ruée des groupes isolés à travers les brèches enfin libérées pour envahir les territoires situés plus au sud. On peut imaginer encore des peuplades innombrables fuyant leurs terres inondées pour en occuper d’autres plus clémentes.
*
**
Il y a très longtemps, toute la planète était habitée par des populations noires dont on retrouve les traces au sud de tous les continents.
C’est suite au long séjour de populations noires dans les zones nordiques que leur peau se serait adaptée au faible ensoleillement. Selon des études récentes menées sur les restes d’hommes préhistoriques en Europe, la blancheur de la peau aurait moins de 8000 ans. Le lecteur peut retrouver rapidement ces informations sur Internet.
Ce qui semble écarter, l’Atérien et l’Ibéromaurusien et probablement même le Capsien de la généalogie berbère.
De toute façon, ce n’est pas important pour la suite de notre sujet car sans même recourir à la notion de glaciation, on peut concevoir qu’à une certaine époque, des tribus ou des clans qui parlaient des dialectes proches les uns des autres se sont déplacés à partir d'une aire géographique commune pour occuper des territoires de plus en plus vastes jusqu'à envahir progressivement leurs espaces linguistiques actuels. Ces dialectes ont alors commencé à diverger notablement. En raison des brassages linguistiques avec les peuples autochtones, les lexiques se sont enrichis d'emprunts liés à la faune et à la flore, inconnues dans l'habitat d'origine. Il est possible que les formes grammaticales aient également évolué pour des causes similaires.
4
Les langues Afro-Asiatiques
Ainsi, le recul de la glaciation vers -10.000 a favorisé la dispersion de populations qui parlaient des dialectes apparentés. Il n'est pas possible à l'heure actuelle de déterminer l'endroit exact d'où sont parties ces migrations ni de suivre leur parcours avec précision. La région de la mer noire pourrait être un centre de diffusion satisfaisant puisque de par sa position elle semble correspondre le mieux à un scénario de dispersion.
Les axes de déplacement allèrent du Nord au Sud avec des vagues successives avant de bifurquer vers l'Est ou vers l'Ouest ou de continuer tout droit. Les dialectes périphériques étant ceux qui se trouvent actuellement le plus loin du centre. Ceci est une sorte de schéma général qui comporte inéluctablement des imperfections car chaque langue a suivi son propre itinéraire et subi sa propre évolution.
On pense actuellement que la pratique de l’agriculture et la domestication des animaux a commencé au Proche-Orient au début du Néolithique, étape sans précédent dans l'histoire du genre humain. Elle correspond elle aussi au recul de la glaciation. De là, des groupes humains se sont déplacés dans toutes les directions avec leur savoir-faire. Vers -7000, ils ont atteint les territoires situés au nord de la Méditerranée et un peu plus tard, ceux situés au sud. Les érudits ont d'abord envisagé la possibilité d'une transmission par contact sans déplacements de populations avant de se rendre compte que les deux méthodes ont été simultanées.
Si l'on suppose, contrairement aux opinions généralement admises, que l'élevage a précédé l'agriculture, il s'agirait alors d'une troisième vague de migrations après celles des chasseurs-cueilleurs et des éleveurs. L'agriculture, qui a permis la sédentarisation et la fondation des états de l'antiquité, a plutôt servi de blocage aux migrations intempestives.
Cette supposition permet d'expliquer le déplacement du groupe linguistique afrasien qui se trouvait certainement à la périphérie méridionale de l'espace considéré et qui a été repoussé graduellement vers le Sud de l’Europe, la péninsule arabique et le nord de l'Afrique par les locuteurs des dialectes Indo-Européens qui se trouvaient plus au Nord.
Pour que le groupe linguistique berbère se soit dirigé vers le Nord de l'Afrique, il devait se trouver en grande partie au sud de l'Anatolie.
Nous verrons plus loin, lorsque nous évoquerons les Peuples de la Mer, qu'il y avait des ressemblances entre le Berbère et les idiomes de certains d'entre eux. Je n'ai pas pu confirmer cette assertion. Si elle s'avérait exacte, les anciennes populations européennes appartiendraient au groupe linguistique chamito-sémitique et ce dernier devait par conséquent se trouver plus au Nord. Il aurait envahi le sud de l'Europe avant l’arrivée des Indo-Européens. J'ai lu également une hypothèse "sémitique" quelque part au cours de mes recherches sur les langues européennes anciennes. Les Egyptiens signalent également que les "Ekwesh" (l'un des peuples de la mer) étaient circoncis.
Ces nouveaux occupants ont certainement rencontré des populations autochtones le long de leur parcours. Ces dernières ont été soient assimilées soient repoussées. Le Berbère s'est imposé en tant que langue véhiculaire (Koinè) pour devenir par la suite une langue vernaculaire commune.
*
**
A mon avis, le Berbère s'est diffusé grâce au nomadisme pastoral.
Le passage de l’ethnie (vagues successives) responsable de cette diffusion, probablement par le Sinaï, s'est effectué après la domestication des animaux (Bovins et ovins) mais avant la pratique de l'agriculture à grande échelle. Il est également possible d'envisager un passage partiel ou total par le sud de ce qui deviendra la péninsule arabique (Yémen actuel) et un séjour plus ou moins long dans les territoires parcourus. Les déplacements ont nécessité de nombreux siècles, entrecoupés de haltes plus ou moins longues.
Il serait téméraire de supposer que les migrants avaient une idée précise de leur destination. Ils se déplaçaient lentement (un kilomètre par an disent les érudits) par groupes assez éloignés les uns des autres pour que l’espace occupé et les ressources disponibles soient suffisants. Ils avançaient en fonction de l’intensité de la pression exercée par les groupes suivants et des obstacles naturels ou humains rencontrés en cours de route.
Certains auteurs supposent que l'Égypte aurait été occupée par les Berbères de la même manière que le reste de l'Afrique du Nord. Idée séduisante en soi mais qui n'explique guère le fait que le Berbère (langue) soit pratiquement resté le même à l'Ouest de l'Egypte alors qu'il aurait évolué radicalement dans cette contrée de telle sorte qu'il donne l'impression qu'il s'agit d'une toute autre langue. Alors que l'affinité entre le Berbère et le Sémitique, quoique plus éloignés dans l'espace, est beaucoup plus marquée.
Il est difficile de remonter si loin quand il s'agit de détails, mais cette divergence linguistique peut s'expliquer de plusieurs manières.
- Les groupes berbères seraient arrivés en premier. Ils auraient occupé l'Égypte avant d'être refoulés par ceux qui deviendront les Égyptiens, venus de l'Orient ou du Midi.
- L'Egypte était déjà occupée par une population préhistorique de forte densité qui a fait obstacle au mouvement des groupes berbères vers l'Occident les contraignant à continuer vers le Sud, le long du littoral de la mer rouge, pour rallier la corne de l'Afrique. Une petite partie se serait mêlée aux populations autochtones pendant que la plus grande partie remontait vers le Nord, contournant ainsi l'écueil rencontré en cours de route.
- Les Berbères ont réellement occupé la terre du Nil mais des circonstances défavorables leur ont fait perdre leur langue suite à un ou plusieurs brassages forcés.
Mais l’itinéraire suivi peut-être après tout négligé sans nuire au reste du récit.
Des échanges avec les chasseurs cueilleurs autochtones, attirés par les troupeaux, eurent lieu lors des déplacements au gré des pâturages. Les nouveaux venus devaient être assez nombreux et se déplaçaient par vagues ou par tribus tout en demeurant assez proches les uns des autres pour se porter un secours mutuel en cas de coup dur.
La langue des échanges, celle des éleveurs, devint le "Koinè" utilisé lors des transactions. De proche en proche, cette langue véhiculaire s'est étendue jusqu'à prendre le dessus sur les idiomes locaux. Il est évident que tout ceci a dû prendre un certain temps. Ni le cheval, ni le chameau n'était encore domestiqués à cette époque. Comme bêtes de somme, ils utilisaient très probablement des bovins, domestiqués, selon certains auteurs, vers -4000.
Nous constatons aujourd’hui, que grâce aux Touaregs, le Berbère continue de pénétrer en Afrique Noire. Ces hommes du désert vont toujours de l’avant. Ils se trouvent aujourd’hui au Burkina Faso comme leurs cousins les Lemtouna et les Zenaga ont atteint les rives du Sénégal, il y a de cela plusieurs siècles. Dans cent ans ils seront peut-être au niveau de l’Equateur. Oui, c’est bien ainsi que le Berbère s’est diffusé puisqu’il continue à le faire sous nos yeux. Le présent reflète toujours une image plus ou moins claire du passé.
Je vois les choses ainsi : une vague de chasseurs cueilleurs a été suivie par une vague d’éleveurs et de pasteurs. La dernière vague fut celle des agriculteurs. Elle serait passée peu de temps avant la création des états de l'antiquité qui n'ont pu se former que par l'existence préalable de richesses dues à l’élevage et au travail de la terre.
La deuxième vague, celle du groupe linguistique berbère, parlait probablement des dialectes très proches les uns des autres puisque comme nous l'avons supposé, ces populations, pour être repoussées en Afrique, devaient se trouver au Sud des autres locuteurs des composantes de la macro-langue. Pour se trouver aussi loin de son point de départ, cette vague humaine aurait été une des premières à se mettre en mouvement à partir de l’espace linguistique initial.
5
Le Nostratique
Les recherches linguistiques évoluent très vite. Une macro-famille hypothétique appelée le Nostratique a été proposée pour rendre compte des ressemblances entre un certain nombre de familles dont les langues indo-européennes, kartvéliennes, ouraliennes, altaïques, afro-asiatiques et dravidiennes.
Le berceau de cette langue aïeule n'est pas encore localisé mais il me semble qu'il s'éloigne de l'Afrique pour se situer quelque part en Asie à proximité du point où les familles linguistiques concernées sont les plus proches les unes des autres. Mais il faudrait également tenir compte des déplacements (très mal connus) des populations des temps préhistoriques.
Soyons clairs. Cela ne veut pas dire que cette langue lointaine a réellement existé. Mais le recours linguistique à une langue mère hypothétique s’est avéré grandement utile parce qu’il regroupe toutes les données lexicales et grammaticales similaires tirées des dialectes concernés pour en faire une sorte de synthèse qui devient, à posteriori, leur ancêtre commun.
Cela peut paraître paradoxal mais il me semble que les langues dans la nature ne peuvent exister que sous forme de dialectes. Ainsi, au lieu d’une seule langue, on peut supposer, sans risque de se tromper, qu’il s’agissait de dialectes proches les uns des autres, assez en tout cas pour que les groupes, tribus ou clans de cette époque, puissent se comprendre mutuellement. Ces parlers comportaient déjà des divergences notables que le temps et la distance ne feront qu’accentuer. Les langues livrées à elles-mêmes comme celles de la préhistoire, formées d’autant d’idiomes qu’elles comprennent de groupes, ne peuvent que muter anarchiquement en fonction des aléas linguistiques.
Il ne faut pas perdre de vue que le recours à un idiome que les groupes environnants ne peuvent pas comprendre peut constituer un facteur de survie.
Une deuxième utilité du concept de langue mère réside dans le fait que, après avoir identifié et regroupé les similitudes, la science se charge de lui élaborer une histoire commune en fonction des connaissances à sa disposition.
En voulant expliquer le présent, les chercheurs se basent sur leur connaissance du passé, aussi fragmentaire soit-elle, pour imaginer un scénario plausible capable de rendre compte de la situation linguistique actuelle. Les recherches linguistiques et historiques s’expriment dans la durée. Des éléments nouveaux pourraient infirmer certaines approches et en conforter d’autres.
Concernant les périodes préhistoriques, la science actuelle ne dispose que de quelques points de repère. En attendant d’autres découvertes qui viendraient s’ajouter aux anciennes et jeter un peu plus de clarté sur ce domaine obscur, elle les utilise pour tenter d’expliquer la ressemblance avérée entre les membres de cette macro-famille.
6
Irden et timZin
Les procédés de diffusion de l'agriculture en Afrique du Nord sont plus difficiles à établir car une civilisation néolithique s'est également épanouie au Sahara. Il semblerait que ce fut un foyer autonome. Quels ont été son apport civilisationnel et son impact sur son voisinage ? Quelles sont les populations concernées et quelles étaient leurs langues ?
D'où viennent les deux termes principaux qui désignent les céréales en Berbère : ird(en) et timzin (blé et orge) ?
Les agriculteurs seraient-ils passés par le Yémen en traversant la corne de l'Afrique et les territoires de l'Ethiopie actuelle pour remonter ensuite vers le Nord ?
Dans un article de Persée relatif aux origines des appellations des céréales en Berbère, l'auteur, Roland Portères, montre que le terme irden, iherden... avait la signification de "soir" et par extension "de repas (en grains) du soir" chez le nomade (Peuls et autres). Dans la même approche sémantique que les mots arabes £cha,£icha عشاء، عيشة.
Ce terme, largement présent dans nombre de dialectes africains, serait, par conséquent, d'origine chamitique (Africaine).
Je cite : "On est tenté de rapprocher le berbère ired ou ihred (plur. irden, ihrden) du … peul hirade (plur. Kirade) pour désigner les «vivres» au Fouta-Djalon (Arensdorff, 1913), le terme attestant un sens ancien de « nourriture » ou de « grain » pour provisions de voyage. Labouret nous donne en peul de la même région : hirande « provisions », « céréales »."
“En conséquence, le terme ihred (etc.) des Berbères semble emprunté au hamitique ou au nubien de l'Est. La première céréale importante (Blé ou Orge) serait venue de l'Est, ou plutôt, le terme la désignant vient de cette direction cardinale”.
Pour ce qui est du terme 'timzin" l'auteur suppose qu'il provient du terme "imenḏi" qui désigne la céréale.
Si l'argumentation concernant "irden" m'a largement convaincu, bien que ce terme fasse également penser à la racine “rḏ ou rt” (terre) celle de "timzin" et ses variantes n'a pas eu le même effet.
Si nous supposons que la racine est "mz" et non pas "z", il existe un terme arabe qui pourrait donner une idée de la signification primaire de ce mot. Il s'agit de (مز muz) de la racine "mz" qui signifie " dont le goût est entre l'acide (حامض) et le sucré (حلو) " chose qui rappelle le goût et l'odeur du couscous et du pain d'orge.
J'ajoute encore quelques mots car je viens de me souvenir d'un terme employé dans ma région pour désigner la galette d'orge : El hamdha, l'acide. الحامضة. C'est probablement la traduction du terme timzin par des Berbères arabisés.
Il est possible que la pratique de l'agriculture provienne du Sahara central ou tout simplement d'Egypte. Effectivement le terme est utilisé en quelques endroits de ce pays mais uniquement par des groupes connus comme étant d'origine Berbère.
Les choses ne sont jamais aussi simples qu'on le pense de prime abord. Elles s'enchevêtrent et se compliquent dès qu'on recherche le détail.
Mais pourquoi, demanderont certains, les éleveurs n’avaient pas parmi eux des agriculteurs prélevés parmi les Natoufiens, par exemple ? Premiers arrivés, premiers servis. Ainsi, le problème serait résolu. C’est une idée séduisante. Ce n’est pas impossible. Les Berbères ont dû passer à proximité des Natoufiens qui appartenaient probablement au groupe afro-asiatique avant sa séparation.
Wikipedia : « Les linguistes russes… considèrent que les Natoufiens figurent parmi les premiers locuteurs du « Proto-afro-asiatique ». Si on suit cette proposition, leurs descendants se seraient alors répandus dans le reste du Moyen-Orient et en Afrique du Nord et de l'est durant les millénaires suivants, en même temps que le mode de vie néolithique élaboré au Proche-Orient ».
Il me semble que les groupes linguistiques peuvent se mélanger, quand ils occupent un territoire commun, pour une raison ou pour une autre (alliances par exemple).
7
Langues de la Corne de l’Afrique, de l'Egypte antique et de la péninsule arabique.
Jetons un coup d’œil en passant sur les langues de la corne de l’Afrique et celles des populations environnantes en quête de similitudes. Il n’est pas question, bien sûr, de parcourir l’ensemble des lexiques. Ce travail a déjà été fait par des chercheurs plus éclairés que moi.
Amharique
L’amharique est une langue chamito-sémitique parlée en Ethiopie. J'ai pensé pouvoir trouver de nombreux termes berbères en Amharique. Je m'aperçois que c'est beaucoup plus proche de l'Arabe. Il est pour cela classé parmi les langues sémitiques.
Il m'a semblé quand même y découvrir une certaine mouture berbère. Jugez-en par vous-même :
adar : vie (yedder);
allala : to be loose, aslalla : to cause or allow to be loose. Le "S" est utilisé de la même manière pour rendre fa££ala فعّل (Berbère afeg, yessifeg) voler, faire voler.
lim : poudre, farine (alim : paille en Berbère).
timhirt (apprentissage مهارة) mahara : adresse, compétence. Noter la construction du mot. On dirait du Berbère de même que le terme “timkirt” : vanité, ainsi que beaucoup d'autres.
mamwo : petit enfant (memou).
mar(y)et : sol, terre… (tamurt).
mandar : village. (taddart).
Mirab (analogie avec mihrab) : Est (orient).
De Initia Amharic de Armbruster Charles Hubert 1908.
Tigré
Le tigré est une langue parlée en Érythrée et au Soudan. Elle contient beaucoup de termes qu’on retrouve en Arabe. Je n’ai pas voulu reprendre les nombreux mots connus, j’ai plutôt recherché des similitudes avec le Berbère.
Vocabulaire de la langue Tigré, Munzinger Werner, 1832-1875.
Haïmket : faiblesse مهك
Ḥalib : lait حليب
Ham : beau-père حمو
Hamit : partie supérieure de la tête هامة
Hamra : s’amaigrir (vache)
Hammar, hammamir : tente des bédoins de Barka
Hamda : rosée
Hamed : cendre
Hammese ; griller
Hammese : nager hamis : nage
Hankesh : boiter
Härde : égorger ( هرد ؟ En Arabe dialectal on dit herdu هَرْدُ. En Arabe classique déchirer un vêtement, le mettre en pièces)
Heddere : rugir هدر
Hémet : suie حموم
Hölm : rêver حلم
Ḥolqem : gorge, voix حلقوم
Hömem : maladie humum : malade
Tehergeme : se fendre (pot) Je connais ce terme mhergem croulant, mal vêtu...
Hadre : passer la nuit
Melhas : langue de lahse lécher (ils,lisan).
Marét : terrain (tamurt ?)
Marké : pourrir (rku ?)
Sürr, asrar : racine, veine (izurar ?)
Sherfe : perdre les dents
Ṣete : boire (su ?)
Shetfe : emporter, arracher (ṭeff) خطف
Sigurt : oignon
Ṣafra : la faim
Qonef : s’indigner, se fâcher (شنف)
Bad£a : se perdre
Berber : piller
Nashe : couler (outre trouée) necissa (source) ?
Neshnesh : allaiter
Naqme : rendre un son, appeler naqm : appel نقمة ؟
Neb£a anba£ : pleurer نبع؟
‘astir : firmament, ciel (astre, star, itri, ishtar)
‘eṣa£et : le feu.
‘Öikel : les grains, dourra ‘Öikelet : un grain.
Züm: silence ; azme : se taire (zem foumek, susem)
Agar : jambe, pied
Kumish, akumshat : joue
Worq : argent (awragh)
Wodne : aire à battre (blé)
Tsalka tshalka : s’échapper, s’enfuir (slek, سلك )
Worekh : lune (de la racine sémitique rẖ qui donne tarikẖ par exemple)
Tsellal : ombre (tili,ظل)
Tselme : obscurcir, noircir.
Racine ḍl(m) qui done ḍalam .ظلام Noter tili puis iḍ (nuit). Ces deux mots pour désigner la nuit semblent provenir de ḍl. le ḍ disparait en Berbère en raison de sa rencontre avec le t pour réapparaitre dans iḍ mais en perdant le l et le m cette fois.
Tsiffr, tshiffr : ongle (iccer) ظفر
Tsahfe : écrire. (صحيفة)
Ferteke : séparer, mettre en morceaux (ferkete : séparer)
Ferikai : épi du dourra (frik ?)
Fatme : allaiter le veau (fatama : فطم sevrer un enfant). L’idée tourne autour du lait ou de l’allaitement).
Fetfet : voler, piller
Fakke : se lever (soleil etc)
Fakik : aube, lever (à rapprocher de tafukt (soleil), la racine serait fk فك
Punique
(Phénicien d’Afrique)
’MR : agneau (izimer)
Ugaritique : ‘imer Akkadien : immeru (en réalité Ḥimmeru حمار . En effet, les sons gutturaux n’étaient pas notés en Akkadien parce que le cunéiforme, emprunté aux Sumériens, ne contenait pas ces sons. Si nous remplaçons le z par le h dans izimer comme le font les Touaregs, nous obtenons ihimer.
‘NḤN nous (NeKwni)
Ces rapprochements n’indiquent pas un emprunt. Nous sommes en train de chercher des similitudes qui nous permettent de cerner autant que possible, une macro-langue originelle pour toutes ces langues. Le mot izimer a évolué en Arabe pour donner Ḥimar mais il a gardé son sens premier dans les autres langues. Pour le terme aġyul (âne) la racine serait ġyl. Si on remplace le ġ (غ) par le ẖ (خ) on obtient la racine ẖyl خيل.
‘NK : Moi, nekk, أنا Akkadien : anāku
Ougaritique : ank (ici on peut ajouter la voyelle « e » comme en Berbère pour prononcer les mots : anek).
‘PY : afa cuire. En Berbère il y a tafat (lumière). Afa (feu). Il faut du feu ( ?) pour cuire. En Arabe dialectal on dit ffu aux enfants pour attention, il y a du feu, ça brûle !
‘PS : efes : cheville (afus ? main)
‘RW : ‘ari lion (arr, irran Berbère lion) ayrad, buharru, izem, war. Nous retrouverons, plus bas, un terme semblable en Egyptien.
‘Š : ‘eš : feu
Akkadien : iŠatu
Ougaritique : ‘Št
Amharique : əsat
Berbère : tim(es), afa, l£afit
Cendre : Iɣed, iɣden... iged, iqed يوقد
La racine relative au feu : «S» ou «Š».
B’ : Ougaritique : bw’ : arriver, entrer. Berbère : yaweḍ, yebweḍ Arabe : bawa’a بوا
BṬN : ventre (Aɛebbuḍ) Akkadien : BaTNu. Le remplacement du Ṭ par le Ḍ est fréquent en Berbère.
BRZL : fer. Uzzal (Berbère).
BT ; bit, bayt. Ce terme est courant. Je signale au lecteur le verbe habiter ha bit (la maison)…
ḤRŠ : حرش artisan ou maçon (aḥriš : intelligent). Akkadien : eRŠu (Ḥeršu) sage.
Le u final étant semblable au u (ou) final des mots arabes à la forme nominative. Le terme non conjugué est Ḥerš. La racine existe en Arabe avec les sens que nous lui connaissons.
Ḥabbara : conjurer.
ḤMT : mur, forteresse.
Je n’ai pas encore terminé cette recherche lexicale concernant le Punique.
Egyptien
Maintenant, jetons un coup d'œil à l'Egyptien.
https://www.hierogl.ch/hiero/Accueil
Ams : mensonge. Berbère : ames (salir).
As : marcher d'un pas pressé, se hâter. As (Berbère) arriver.
Akr : Aker; la terre. Le « R » Egyptien est un « L ». Akal, a
Ink : je, moi; à moi. inu
iqr : homme digne de foi.
it : orge, céréale.
idmi : tissu en lin de couleur rouge.
idr : troupeau.
anb : tige de roseau.
ar : monter, s'élever. Il s’agit du terme connu ali, £ali. La lettre « L » n'éxiste pas en Egyptien.
aSAt : multitude. ATas : beaucoup.
aD : gras (le), graisse. Berbère : uDi (beurre, smen)
wa : un; l'unique, le seul.
war : fuir, s'enfuir. wart : fuite.
wsf : être mou, être lent.
wsr : riche, puissant.
paw (faw): flammes.
pd (fd): genou. afad (Berbère) genou.
fn : être faible.
fnxw : Phéniciens.
fnD : nez.
fsi : cuire.
fk : être vide; être dévasté.
ftft : sauter, bondir. فطفط
ftt : effacer.
fd : suer, transpirer. Tidi, tarraft, taydi, tazama.
miw : chat.
mist : foie.
manxt : pendentif.
mwt : mère.
mn : être malade.
mni : la mort. منية
mrkbt : chariot.
mrt : douleurs, souffrances. مرض
Ms : enfant.
msH : crocodile. تمساح
msyt : souper. imensi ?
msxn : demeure. مسكن
msq : cuir مسك
msqt : Voie Lactée.
mskA : peau, cuir.
msDr : oreille.
mSa : marche, marcher مشى
mSw : poignard. موسى
mt : mourir, sombrer; mort.
mtmt : discuter, parler تمتم؟
nbs : jujubier. نبق؟
npD : abattre, massacrer. نفظ؟
npDt : couteau tranchant نفذ؟
nfA : respirer, souffler نفس؟
nfy : injustement, à tort نفي
nfa : retirer, disperser نفى؟
nm : qui ? من
nma : aller se coucher نام؟
nhmhm : rugir; tonner, gronder همهم؟
ns : langue. Ls (transformation du « l » en « n »).
nSy : coiffer, peigner ناصية ؟
nSp (nsf): haleter, s'essouffler; respirer, faire respirer نسف نفس
nqmt : affliction, tristesse. نقمة
ntb : se dessécher, mourir de soif نضب؟
ntf : arroser نطفة ؟
rw : lion (peut être un r ou un l) léo ou arr, war.
rwt : porte, portail.
rmT : homme, genre humain, les Égyptiens.
rhn : s'appuyer; compter sur, avoir confiance en راهن
rd : pied. aDar ?
hm : être brûlant. حامي
hn : arrêter; cesser. هان
hnn : être attentif à, prendre en considération; faire confiance à; donner son assentiment à; approuver; amadouer. حنان
xAbb : duplicité, fausseté, malhonnêteté خب
xAfa : saisir خطف؟
xtm : sceau; sceller. ختم
sw : jour. ass ?
swmt : épaissir; fortifier. سمت
sbw : butin. سبي
spt (sft) : lèvre. شفة
snw : compagnon; semblable; صنو
ss : brûler; cendres.
sDt : feu, flamme.
smmt : fièvre; inflammation. سموم
qmH : un pain.
qnd : être en colère, furieux. قنط
qs : os (ighS).
kAp hutte, cache. كهف؟
tA-TmH Libye méridionale.
tAHt : lie, dépôt, résidu. تحت؟
tm : périr; cesser. تم
tknw : voisins. Akniwen ?
THnw : Tjéhénou, Libye, Libyens.
Ts : s'asseoir, être assis. (TTes) : dormir ?
Tst : dent.
dwAt : prière, adoration. دعاء ؟
dq : farine, poudre. دقيق
Je constate, que du point de vue lexical, l’Egyptien est assez éloigné du Berbère. Il semble un peu plus proche de l’Arabe mais d’une manière peu significative. Cependant, le lexique limité (un peu plus de 5000 mots avec des répétitions) consulté ne se prête guère à des conclusions formelles. Néanmoins, c’est le document le plus accessible grâce à sa translittération qui permet d’avoir facilement un aperçu sur les lettres et la phonétique mais un peu moins sur les racines.
Somali
abaẖ : agenouiller (un chameau). Anaẖa أناخ
abba : père.
abti : tante عمة
abūr : créer, produire. برأ
adow : cruauté. عداوة
af : bouche, langage. فو
afẖun : insolent.
affar : quatre.
aẖdi : jurer, contracter. عهدLe "b" remplace parfois le "n" ou le "m" et le "ẖ" خ, le "q" ق.
amusnaw : silencieux, tranquille. Berbère : amusnaw : savant, sage de ssen : savoir, connaître. (C'est seulement une comparaison).
an, ana, ani, aniga : moi, أنا
ār : lion. Le même terme est utilisé en Berbère, en Punique et en Egyptien.
aror : matin, arôryo : point du jour (aurore ?)
aros : nouveau marié عريس (Eros ?).
arur : enfant, ignorant. (arraš, ara, arawen ?).
aur : chameau.
£ab : boire.
£abaï : charger (une arme) عبّ
£arrab : langue.
£ašo : jour, souper. عشاء
£asus : rouge.
£aul : gazelle وعل؟
£aus : herbe. Berbère : akassa حشيش. عيص
£ayar : jeu, dance. Berbère : irar.
bad : mer, océan.
barbar : jeunesse, jeune homme.
bari : est, orient.
bari : être sauf. de برأ ?
bartiẖ : melon. بطيخ
bilig : lueur, étincelle. أبلج
bissad : chat (bišša ?)
bur : semoule (بر)
8
Les peuples de la mer
Il s'agit d'événements qui se sont déroulés beaucoup plus tard, à la fin de l'âge du bronze, généralement passés sous silence, inconnus de la majorité des gens, mais qui semblent pourtant avoir eu un impact considérable sur l'Afrique du Nord. On n'en parle jamais et pourtant !
Inscription de Ramsès III à Médinet Habou :
« Les pays étrangers firent une conspiration dans leurs îles. Tous les pays furent sur le champ frappés et dispersés dans la mêlée. Aucun pays n'avait pu se maintenir devant leurs (les peuples de la mer) bras, depuis le Hatti, Karkemish, Arzawa et Alashiya. Ils ont établi leur camp en un lieu unique, le pays d'Amurru. […] L'ensemble (de ces peuples) comprenait les Peleset, les Tjeker, les Shekelesh, les Denyen et les Weshesh. Tous ces pays étaient unis, leurs mains (étaient) sur les pays jusqu'au cercle de la terre, leurs cœurs étaient confiants et assurés : « Nos desseins réussiront ! ».
Les peuples de la mer sont défaits par Ramsès III aux environs de -1194 mais il ne peut les rejeter à la mer et il permet aux Philistins de s’installer sur les côtes de Palestine.
Coalition Tehenou - Peuples de la mer contre l'Egypte. Inscription de Mérenptah à Karnak :
« Le vil chef, le vaincu de la Libye, Meryre, fils de Ded, descend du pays des Tjehenou, avec ses archers […] des Shardanes, des Shekelesh, des Aqwesh, des Lukkas, des Turesh, ayant entraîné l'élite des combattants de son pays. […] Il avait atteint la limite occidentale (de l'Égypte) dans la campagne de Perirê. »" Wikipedia.
Les Peuples de la Mer sont donc passés par le Nord de l'Afrique pour attaquer l'Egypte. Ce sont des migrants qui se déplaçaient en famille. Ils venaient des iles. Ils ont détruit la civilisation hittite, rasé la cité d'Ougarit de Syrie, détruit les cités-états de Canaan (Palestine). Seuls les Egyptiens ont pu les arrêter.
Une partie d'entre eux aurait bien pu rester en Afrique. Les noms cités plus haut ne me sont pas inconnus : shrdn, trsh, dnn.
Les Touaregs parlent d'une population blanche appelée Isebatten qu'ils ont trouvée à leur arrivée au Hoggar.
Certaines gravures rupestres dites du "galop volant" ressemblent à l'art de la civilisation minoenne (-2700, - 1200).
Ce sont probablement des traces des Peuples de la Mer.
L'un de ces peuples portait le nom de Peleset. Il est assimilé aux Philistins de l'Ancien Testament. Il a été établi sur le littoral de la Palestine par les Égyptiens Le chef des Philistins (terme qui a donné le nom de Palestine) portait le nom de Goliath (agellid, gellid ?). En Arabe, il est appelé "djalout". Retenons la racine "glt".
Dans l'Encyclopédie de l'Islam, page 936, à la rubrique concernant Mazata (M'zata, tribu berbère), je lis :
"S'il s'agit du nom de la tribu des Mashawasha et de son identité avec celle des Mazata, il faut dire que la forme de cette appellation que nous présentent les vieilles inscriptions hiéroglyphiques est un nom collectif composé d'un nom singulier *Masha(wa)" - qui est celui de l'éponyme de cette tribu - et du suffixe sha désignation d'un collectif en libyque et en vieux Berbère. Il semble d'ailleurs que le suffixe libyco-berbère - sha (ou - sa) - provient d'une autre langue que les linguistes appellent égéenne et qui était parlée par certaines peuplades appartenant, au XIIIe et XIIe siècle avant notre ère, aux peuples de la mer."
L'article se poursuit sur plusieurs pages. J'invite les amateurs d’histoire à le lire en entier. Il est disponible (pages consultables) sur Google books et ailleurs.
Voilà ce qu'on pourrait appeler un rebondissement dans cette quête éreintante de la vérité.
Une vague réminiscence de ces événements est demeurée sous forme légendaire. C’est l’histoire des Philistins selon les uns et des Cananéens selon les autres, qui, vaincus par les Hébreux, auraient rallié le Nord de l’Afrique. J’opterai plutôt pour « Peuples de la mer » au lieu de « Philistins » dans le premier cas et pour « groupe linguistique chamito-sémitique » dans le deuxième cas en enlevant la référence aux Hébreux qui ne sont apparus qu’après l’occupation des Philistins de la bande côtière de Canaan.
En effet, selon le Pentateuque, Abraham aurait séjourné longtemps parmi les Philistins, à son arrivée sur la terre de Canaan.
(21, 34 Abraham séjourna longtemps au pays des Philistins). (plštim ou flštim en Hébreu, le « im » étant la marque du pluriel).
Que le lecteur ne s’étonne point s’il remarque que la dernière intervention des Peuples de la mer est datée de -1100. Les Egyptiens ont installé les Philistins sur le littoral du pays de Canaan seulement après les avoir vaincus c’est-à-dire bien après cette date.
Le lecteur doit s’apercevoir que cette hypothèse d’une macro-langue est en train de résoudre tous les problèmes insolubles auparavant.
Dans cette légende, si nous remplaçons "Philistins" par "Peuples de la mer" tout s'éclaircit.
Il y a également la supposition de l'origine "indienne" des Berbères car le nom « Berber » semble jalonner un itinéraire allant de la corne de l’Afrique à l’Inde.
Cette supposition et toutes les autres ne font que confirmer l'hypothèse de la macro-langue envisagée plus haut. Des groupes auraient pu être retardés ou suivre d'autres itinéraires.
Mais ce qui attire mon attention c'est surtout l'utilisation du terme "Berber" pour justifier cette supposition. Le terme Berbère correspondrait bien à une réalité « historique » puisqu'il est utilisé pour jalonner un itinéraire censé avoir été suivi par des Amazigh. Difficile à établir s’il n’y avait les Berabers du Maroc. Ce sont eux qui appellent leur langue “Tamazight”.
Berabers et Tamazight ! Est-ce le nom d'un groupe particulier qui a fini par s'appliquer à l'ensemble ainsi que l'Histoire le confirme souvent?
Je viens de tomber sur un article intéressant dans Persée. Il parle de l'origine des Berbères et remonte assez loin dans le passé. Il confirme l'hypothèse de la macro-langue mais sans donner l’impression de la connaître. Il postule le Sud de l'Inde et Ceylan (Sri Lanka) comme point de départ de la migration des Berbères et des Sémites.
D. Kaltbrunner Recherches sur l'origine des Kabyles
L'auteur appelle Kabyles tous les Berbères, sans doute de qabila, tribu.
"L'opinion qui fait venir la race berbère d'Asie, par l'isthme de Suez ou par le détroit de Bab-el-Mandeb, est partagée par des hommes très-compétents.
…. une antique migration aurait eu pour point de départ le sud de l'Inde et l'île de Ceylan; elle aurait remonté ...la Perse, ...puis la Mésopotamie et le nord de l'Arabie. Pénétrant en Afrique par l'isthme de Suez, elle aurait laissé une branche dans la vallée du Nil et se serait répandue dans toute la Libye, d'où elle aurait envoyé des rameaux jusque dans le sud-ouest de l'Europe. Les races sémitique, pélasgique, berbère, etc., sorties ainsi d'un tronc commun, dont elles n'auraient pas tardé à se séparer pour se répandre, l'une en Arabie (les Sémites) ; l'autre, dans l'Asie la Grèce et l'Italie (les Pélasges) ; la troisième enfin, dans tout le nord de l'Afrique, en Espagne et dans le midi de la France (les Berbers et les Ibères).
Les anciennes traditions nous montrent les Pélasges occupant encore, dans l'Asie Mineure, la plaine de Troie (Ilion), mais déjà répandus en Europe ; … tandis que, d'un autre côté, des peuples venus du nord, de l'Afrique, et connus sous le nom d'Ibères, de Balares, de Sardones, de Sicaniens, etc., avaient envahi l'Espagne, le midi de la France, les îles occidentales de la Méditerranée (Baléares, Corse, Sardaigne, Sicanie ou Sicile)… Les Guanches, habitants des îles Canaries, étaient pareillement de race libyenne ou berbère.
Les anciens Égyptiens…. les comprenaient soit une dénomination commune. « Le mot Tamehu, » ... « comprend, avec les Libyens, les divers peuples du littoral de la Méditerranée. » Leur entreprise contre l'Egypte, au XIVe siècle avant notre ère, nous fait connaître diverses fractions de cette race ; ce sont les Rebu, les Mas'uas (Maxyes de Herodote) les Kehak, peuples de la Libye; puis les Turs’a (Tyrrhéniens), les S'akalas' (Sicules), les S’ardaina (Sardones ou Sardainiens); enfin les Akaios' (Achéens) et les Leka (Lyciens).
La séparation du Berbère de l'entité sémitique, remonte, selon les scientifiques, à au moins 10.000 ans. (Ce chiffre est probablement excessif car je pense qu'il concerne la dispersion initiale de la macro-langue). D'autres auteurs situent l'apparition des Berbères en Afrique du Nord entre -5000 et – 4000.
9
De l’origine des Berbères
L'origine des Berbères se perd dans la préhistoire. Toute allusion à une origine historique est anachronique et ne peut être retenue.
L'Europe a été submergée par des vagues successives dont les premiers indo-européens, les Celtes, les Grecs, les Latins, les Huns (nomades de l'Asie centrale), les Peuples Germaniques (Angles, Francs, Germains), les Peuples Slaves et les Peuples Turcs.
La première vague intempestive a, probablement, provoqué le déplacement des Peuples de la mer et l’apparition de nouveaux peuples sur la scène.
A l'issue de sa progression, le Berbère a perdu une de ses propriétés de base caractérisée par son appartenance à un groupe ethnique homogène particulier qu'il serait vain au stade actuel des connaissances de chercher à situer.
Les savants supposent que cette migration s'est effectuée d'est en ouest en se basant sur des ressemblances indéniables, s'étendant à tous les champs de la linguistique, entre les langues sémitiques et le Berbère.
Celui-ci a remplacé au cours des siècles les différents parlers archaïques et primitifs moins aptes et sûrement moins adaptés à véhiculer et à transmettre les formes de pensée d'une nouvelle étape de l'évolution et ses moyens d'expression.
J'ai écrit, il y a de cela plus de vingt ans, cette conclusion sur l'origine des Berbères :
“Nous avons déjà parlé de la polémique que soulève l’intarissable sujet de l’origine des Berbères. Et pourtant de nombreux indices nous font instinctivement réaliser que le Berbère est la langue parlée non pas par une ethnie spécifique mais par une multitude de peuples. "
La population mondiale, vers -5000, est estimée de 5 à 20 millions. A combien pourrait-on estimer la population de l'éthnie berbère qui a occupé l'Afrique du Nord au cours de cette période, si nous prenons en considération cette évaluation ? Je ne saurai proposer un chiffre mais elle était certainement très limitée. Néanmoins, elle devait être assez nombreuse pour pouvoir arriver à destination et être plus nombreuse que tout groupe auchtone pour pouvoir les assimiler tous mais un par un.
Mais cela n'a point empêché des migrations ultérieures simplement parce qu'il n'y avait encore ni états, ni frontières. Le territoire était vaste. L'arrivée de peuplades isolées pouvait même passer inaperçue. Mais aucune ne peut expliquer, à elle seule, l'envergure de l'espace linguistique berbère. Elles ont été assimilées à tour de rôle.
La mémoire des hommes a pu conserver le souvenir de celles qui ne sont pas trop éloignées dans le temps. Quant à celles rapportées par l'histoire, je les cite pour mémoire.
1-"Les peuples de Canaan, dit-on, ont rallié massivement le Nord de l’Afrique. Ils parlaient une langue sémitique, proche du Phénicien et de l’Hébreu, ces derniers étant dérivés de celle de Canaan".
Persée : Marcel Simon. Le Judaïsme berbère dans l'Afrique ancienne.
La tradition des origines cananéennes des Berbères est amplement attestée dans les littératures anciennes, chrétienne, juive et arabe. Elle plonge ses racines dans le terroir africain lui-même. A l'époque et au dire de saint Augustin les paysans africains se donnent pour Cananéens : «Interrogati rustici nostri quid sint respondentes «Chenani », corrupia scilicet, sicut in talibus solet, una litlera, quid aliud respondent quam Chananœi ? »
Il serait fastidieux de reprendre toutes les hypothèses concernant l'origine des Berbères. L'article cité supra en parle abondamment. Le lecteur peut s'y renseigner.
Il me semble qu'il y a (yella) confusion entre Cananéens, Hébreux et Peuples de la mer dont les Philistins, les seuls encore connus à l'époque car ils avaient conservé leur intégrité et leur territoire. L'Egypte confirme l'existence des Libous à l'arrivée des Peuples de la mer. Les Hébreux semblent apparaitre après le désastre, en même temps que les Phéniciens. Ils ne peuvent pas être à l'origine du peuplement de l'Afrique du Nord. A moins que les Libous n'étaient pas des Berbères, chose difficile à concevoir.
2- “Les tribus nomades d'Arabie : le nomade répugne à la sédentarisation. Pour sauver son mode de vie et la liberté qui en découle, il s’infiltre au Sahara. Des tribus chassées du désert d’Arabie, à la suite d’âpres combats livrés pour la possession des pâturages, ont trouvé refuge, à des époques successives, dans le vaste désert du Sahara. (La thèse diffusionniste)”.
- Ibn Khaldoun rapporte dans son livre d'histoire que la tribu arabe de Qorra des Beni Hilal se trouvait en Libye avant que le gros de cette confédération tribale ne soit autorisé par les Fatimides à traverser le Nil et à se rendre au Maghreb. Preuve tardive que des infiltrations ont pu s'opérer même durant l'existence d'états structurés en Egypte.
- El Idrissi : Afrique, Andalousie. (Traduction de l'auteur).
“Quant au pays du Noul et de Tazekart, c’est le pays des Lemtouna du désert, une tribu Sanhadja.
Sanhadj et LumT sont frères et leur père est LumT ibn Za£za£ des enfants de Himyar. Leur mère est Tazekkay la boiteuse dont le père est Zénète. Houara est le frère utérin de Sanhadj ibn LumT et son père est Elmusawir ibn Elmuthana ibn Kla£ ibn Ayman ibn Sa£id ibn Himyar. Il a été appelé Houara à cause d’une parole qu’il aurait prononcée.
Les tribus arabes se sont mêlées aux tribus berbères et ont adopté leur langue après leur long séjour dans le voisinage jusqu’à former un seul peuple.
Un émir arabe nommé Elmusawir habitait le Hidjaz avec son peuple. Ayant égaré ses dromadaires, il partit à leur recherche, traversa le Nil et pénétra au Maghreb. En arrivant aux monts de Tripoli, il demanda à son serviteur : où sommes-nous ? Il lui répondit : nous sommes sur la terre d’Afrique. Il lui dit alors : nous nous sommes emportés (Tahawarna).
Il descendit dans une tribu Zénète et vit Tazekkay. Elle était fort jolie et il l’épousa. Il eut d’elle El Muthana qui demeura après sa mort avec ses deux demi-frères. LumT et Sanhadj eurent beaucoup d’enfants. Leur descendance nombreuse indisposa les tribus berbères qui les refoulèrent vers les déserts proches de l’Atlantique”.
Ce texte semble nous raconter une légende. Et pourtant si nous débarrassons le récit de son aura légendaire nous nous apercevons que l’auteur nous relate l’exode d’une peuplade arabe et l’arrivée du chameau en Afrique du Nord.
En effet :
Les Kel Ahaggar portent le nom de LoumeT (LumT).
· Ibn Khaldoun : l’ancêtre des Houara s’appelait Tiski, la boiteuse.
· Tin-Hinan (celle des tentes) serait l’ancêtre des Touaregs du Hoggar (nom tiré de Houar ou Houara).
· Tazekkay, Tiski, Tin Hinan (celle des tentes) : le monument d’Abalessa est attribué à Tin-Hinan par les Touaregs. Le squelette qui y a été découvert est celui d’une femme de grande taille (1,75), âgée d’une quarantaine d’années. Elle présentait une déformation du sacrum qui la faisait boiter.
- Dans le dialecte de Kabylie, le terme "tamurt" désigne la terre. Les Zénètes disent "hamurt" pour désigner la même chose, "ta" et "ha" peuvent être considérés comme des articles malgré que "ta" introduit le féminin, la lettre "a" étant resérvée au masculin. "Ha" est généralement connu pour être l'article des langues dites Cananéennes (Phénicien, Hébreu). En réalité, ce démonstratif à l'origine, était utilisé par tous les peuples de la péninsule arabique avant l'apparition tardive, d'ailleurs, de l'article "el". D'après un fascicule sur la langue Mehri (Yémen), le "ha" y serait encore utilisé en tant qu'article. En Syrie, on dit toujours "ha lwalad".
Dans un article de Persée, relatif à l'inscription du sarcophage d'Ahiram, l'auteur se pose la question suivante : Il est curieux que les Israélites, ayant emprunté la langue phénicienne, aient précédé les Phéniciens dans l'usage courant de l'article. C'est à se demander si cet usage n'aurait pas été introduit dans la langue cananéenne par ces nouveaux venus qui en auraient eu la pratique dans la langue, probablement un dialecte arabe, parlée par eux avant de pénétrer en Canaan. Certains de ces dialectes, comme le Safaïte, notaient en effet, l'article par un (H).
Les voyelles ne sont pas notées en sémitique.
Quelquefois, les érudits, à travers des remarques anodines, nous transmettent en réalité leurs convictions au sujet de certains domaines considérés comme sensibles. Le paragraphe qui précède est lourd de sens. J'en parlerai un jour quand j'aurai réuni un nombre suffisant de remarques similaires.
J'ai mon idée sur l'origine et la signification de cet article (El). Noter le "le" français et le "el" espagnol. Le premier semble être le même terme inversé. Le second lui est identique.
Mais revenons à l'article "ha". Cette forme existe toujours en Arabe dans les démonstratifs, comme "hadha" ou mieux "ha dha". L'utilisation de cet "article" par Zénata qui est une confédération de tribus nomades ou semi-nomades nous incite de nouveau à nous poser des questions à ce sujet. Serait-elle arrivée tardivement ou fut-elle mêlée plus intimement à des groupes sémitiques ? En effet, où une tribu nomade aurait pu emprunter le "ha" si ce n'est en Arabie où ce terme a conservé sa généalogie?
Cependant, une coïncidence ou une particularité dialectale ne sont pas pas à exclure faute de preuves tangibles.
3 - Les Peuples de la mer
On ne sait pas quelles étaient les langues des populations européennes avant l'arrivée des premiers indo-européens qui semblent être les Celtes dont on a retrouvé des traces jusqu'en Chine. On ne sait rien à leur sujet. Les recherches n'ont pas été véritablement entreprises car la communauté scientifique s'est intéressée uniquement à l'Indo-Européen, l'étude des langues précédentes ayant été délaissée car ne le concernant pas directement.
L'étude des langues de la civilisation minoenne est néanmoins en cours par des tentatives de déchiffrement des inscriptions les plus anciennes...
4- Les débris des conquérants : Phéniciens, Romains, Vandales, Byzantins…
5- Les Banu Hilal
6- Les Andalous.
7- Les Kouloughlis.
Il n’est pas rationnel de faire remonter tant de peuples à une même origine. Les thèses avancées par les historiens qui se sont succédé au cours du temps semblent contradictoires et pourtant …
Je n'ai parlé ni de l'Ibéromaurusien ni du Capsien car je ne peux les relier aux migrations mentionnées plus haut. C’était probablement des chasseurs-cueilleurs qui ont été assimilés par les vagues berbères successives.
10
Cohésion des groupes
Maintenant nous allons nous occuper de certains préjugés qui sont comme vous le savez des idées préconçues qui ne reposent sur aucune réalité tangible.
En Algérie, il y a des Berbères arabisées et des Arabes berbérisés ce qui écarte d'emblée toute notion d'ethnie quand il s'agit de groupe linguistique.
Il existe même une troisième langue, parlée uniquement à Tabelbala en même temps que le Berbère et l'Arabe : c'est un dialecte songhaï.
Enquête sur la dispersion de la langue berbère en Algérie. Edmond Doutté - E.F Gautier
Jijel
... D'où pour les « habitants » de Guelma, d'Aïn-Beïda, d'appeler Kabyle son coreligionnaire de Djidjelli. Ce fait du reste n'est point isolé, car Hanoteau le remarque, pour les habitants des Issers, Kabyles aux yeux de ceux de la Mitidja, et qui eux-mêmes ne considèrent Kabyles que ceux de Fort-National. Djidjelli ne peut donc à mon avis rentrer dans la classification qui nous occupe et … où ne se trouve que l'Arabe sédentaire tant au point de vue du langage que des mœurs.
Boumerdes : Fraction Khachena-El-Djebel.
Les Khachena de la montagne sont d'origine Arabe et leur installation dans le pays se perd dans la nuit des temps. (En réalité ce sont des Beni Hilal). Ils parlent uniquement la langue Berbère et paraissent avoir adopté les mœurs des Kabyles du Djurdjura.
Aïn Defla (Nord)
Le douar Beni-Ghomeriane, tire son nom de la tribu qui peuple son territoire. Les Beni-Ghomeriane sont d'origine Berbère et parlent le Zenatia. Mais comme la majeure partie de ce douar s'étend dans la plaine du Chéliff, la langue Arabe y est plus généralement employée, par suite des relations de voisinage avec les familles religieuses des Beni-Boukni, commune de Kherba (El Amra), et les tribus Maghzen, d'origine Arabe, installées par les Turcs sur le territoire du douar Bouzehar, commune de « Aïn Defla ». Il ne reste donc plus au douar Beni-Ghomériane que la fraction Beni-Mekhlifet, peuplée d'environ cinq cents habitants, où le dialecte zenatia soit encore employé et par la moitié seulement des gens de cette fraction dans leurs relations de famille.
Il convient, d'autre part, de signaler que la disparition de la langue Berbère dans les trois autres fractions de ce douar, Hamadchia, Mekhatria et Boukaben, est de date encore assez récente. C'est ainsi, en effet, que l'adjoint indigène actuel des Beni-Ghomériane, qui habite la fraction Mekhatria, se souvient d'avoir entendu son père et sa mère s'entretenir en « Berbère ». Et il en aurait été de même dans les fractions Hamadchia et Boukaben, où « cet idiome » aurait été employé par les vieilles gens pour parler, plus spécialement devant leurs enfants, de choses qu'elles désiraient leur laisser ignorer.
Beni Rached
Le pays qu'ils habitent est montagneux, mais accessible… Ces gens fréquentent assidûment les trois grands marchés : Orléansville. Oued-Fodda, Attafs ; ils sont en contact permanent avec leurs coreligionnaires arabes.
Aussi le besoin de connaître la langue arabe leur a fait abandonner complètement et rapidement, l'usage de leur dialecte local. Il y a quarante ans tout le douar parlait le Berbère; aujourd'hui, seuls les vieillards s'en servent entre eux et il n’est même plus usité dans les relations familiales. La prochaine génération n’en conservera même plus le souvenir.»
Les Beni Rached ne se souviennent même plus qu’ils ont parlé un dialecte maghraoua (Zenata) un jour. Ils sont devenus arabophones.
Tizi-Ouzou
Douar Belloua et Sidi-Meddoun. Dans ces deux douars peuplés, il y a plusieurs siècles par des individus venus des pays arabes, la langue parlée, il y a cinquante ans, était exclusivement l'arabe. Actuellement, on y parle presque entièrement le Kabyle.
Dellys. Douar Beni Thour.
Dans le douar Beni Thour et dans la ville de Dellys, les gens parlent et ont toujours parlé l'Arabe. Une faible partie comprend le berbère, mais ne se sert de cette langue que lorsqu'elle se trouve en contact des Kabyles. »
Aures
Les Ouled Ziane, de pure race arabe, ancêtres des gens d'El-Haouamed, Ouled-M'rabet, Ouled-S'bgag, Djemora, Beni-Souïk et Branis, trop à l'étroit dans leur oasis, pénétrèrent il y a deux siècles environ, chez les Ouled Abdi (Aurès). Ces derniers, gens paisibles, préférèrent partager et prendre ceux-ci comme associés. Les Ouled Ziane apprirent le Chaouïa et les Ouled-Abdi, qui habitaient la région Nord-Est de l'Aurès, apprirent l'Arabe.
Paul Marty : Etude sur l'Islam et les tribus du Soudan.
Les Iguellad
Sous le nom d'Iguellad on désigne une confédération d'origine arabo-berbère, actuellement targuisée, et qui semi-nomadise dans la région de Tombouctou, dans un cercle de 15o kilomètres de rayon autour de la ville. Il s'est produit dans cette partie du Sahara un phénomène ethnique exactement contraire à ce qui se passait dans le Sahara occidental.
Ici au contraire, les Touareg sont restés les maîtres politiques du pays. Si les fractions arabes, arrivées dans le pays depuis deux ou trois siècles, ayant déjà une unité constituée et connaissant l'usage des armes à feu (Berabich, puis Kounta), ont pu garder leur individualité, tout en se soumettant d'ailleurs, au moins partiellement, à la suprématie politique des Touareg, les fractions d'une plus lointaine origine arabe, ou prétendue telle, ou en tout cas arabo-berbère, qui se sont constituées sur place avec le temps, ont peu à peu perdu le caractère oriental de leurs ancêtres. Elles ont notamment perdu l'usage de la langue arabe, abandonné la culture des sciences islamiques, et ont emprunté en très grande partie à leurs maîtres touareg, leurs mœurs, leurs traditions, leur langue, leurs coutumes sociales et juridiques.
Ici, dans ce cadre saharien, sans valeur économique, et où la terre ne compte pas, tout tourne autour de la personne. La marche est devenue « personnelle ». Il n'y a pas de pays de transition ; il y a des tribus de transition, des collectivités d'origine arabe, où se sont fondus de forts éléments touareg et qui ont mêlé dans leur sein avec cette double ascendance, les caractères des deux «ethnies», les traditions et les données des deux histoires, les mœurs des deux civilisations.
Les Kounta ont trouvé un mot pour désigner ces fractions berbérisées sous la forme touareg : ils les appellent « Iguellad », qui est la déformation arabe des Iguelliden, fractions sises à l'est de l'Adrar des Iforas, et qui ont subi aussi ces transformations ethniques, bien plus accusées d'ailleurs, car elles n'eurent pas le contact de tribus maures pour les aider à conserver, dans une certaine mesure, leurs souvenirs arabes.
Henri Lhote : Aperçu sur le Hoggar
Tribus soudanaises
… il en existe plusieurs cas dans les tribus soudanaises. Là, alors que plusieurs tribus arabes se sont targuisées (Kel Antaçar, Almousa Caré), des fractions berbères se sont arabisées (Bérabich)…
Texte tiré de ma page sur Temoulga
Dans son ouvrage "L'homme et l'érosion dans l'Ouarsenis", le Professeur Djilali Sari, analyse la situation ethnique du massif montagneux (Ouarsenis).
Je cite:
"C'est ainsi que l'on remarque qu'en dépit de l'inaccessibilité relative de la chaine et de son isolement, toutes les collectivités locales, toutes les tribus, voire les fractions, renferment le plus souvent à la fois des éléments berbères et arabes. Les exemples sont nombreux et concernent tous les secteurs".
"Au cœur du Massif, la tribu des Béni Hindel qui est d'origine berbère fut mêlée aux arabes dès le XVème siècle. Celle des Béni Lhassen... comprend... les deux ethnies... De même, celle de Tamellahat... est représentée par deux fractions arabes et une berbère.
Quant aux Ouled Ayed... célèbre tribu arabe du haut cours de l'Oued Fodda est en fait une très vieille tribu, bien antérieure à la pénétration des arabes, car ses terroirs contiennent de très bons sols. Elle se compose de fractions très hétérogènes. Ces mêmes remarques s'appliquent aussi aux tribus du versant septentrional. Les Sendjes, les Chouchaoua, les Béni Ouazane. .. comptent toujours des éléments épars". Fin de citation.
Ibn Khaldoun mentionne (tribu Malek Ibn Zoghba Ibn Hilal) une tribu Ayad des £amour qui accompagnait les Soueïd. Ces derniers étaits confédérés avec les Banu Badine (Zénètes) qui furent les premiers à pénétrer dans le Sersou avant les tribus arabes de Zoghba dont les Soueïd faisaient partie. C'est à dire que les Bani Badin avaient parmi eux des tribus arabes quand ils ont envahi les hauts plateaux occidentaux.
De l'analyse de ces informations, il ressort on ce qui suit :
La tribu Zénète des Bani Badin et la tribu Arabe Zoghba des Beni Hilal ont commencé à fusionner avant leur déplacement vers les hauts plateaux du Sersou. Les fractions arabes mentionnées plus haut dans l'Ouarsenis faisaient déjà partie intégrante des Toudjine lorsque l'Histoire nous rapporte l'occupation de ce territoire par ces derniers.
Les Beni Rached et les Toudjine
Parmi les tribus les plus connues, les plus puissantes et les plus citées, Il y avait les Toudjines et les Beni Rached.
Laissons Ibn Khaldoun (traduction De Slane) nous raconter leur histoire :
"La portion des Zenata appelée les Beni-Badîn et qui se composa des Beni Abd El Ouad (ou Ouahed), des Toudjîn, des Mozab, des Beni Zerdal et des Beni-Rached se montra partisan dévoué des Almohades (XIIe, XIIIe siècles), dès le commencement de leur puissance. Les Beni Badîn s’étaient beaucoup plus rapprochés de cette dynastie que leurs rivaux, les Beni-Merîn : dans le Maghreb central ils possédaient une plus grande étendue des plateaux et du littoral qu’aucune autre section des Zenata, et, dans leurs courses d’été, ils y pénétraient plus avant qu’il n’aurait été permis à aucune autre tribu nomade de le faire ; bien plus, ils formaient une partie de l’armée almohade et du corps de troupes chargé de protéger les frontières de cet empire. A l’époque dont nous parlons, ils étaient sous les ordres du prince du sang, gouverneur de Tlemcen.
Ce fut chez ce peuple que les Zoghba (Tribu arabe des Bani Hilal qui avait soutenu les Almohades) allèrent s’établir. Cette tribu passa alors dans le Mozab et le Djebel-Rached (Aujourd'hui Djebel £amour, du nom de la tribu arabe des Bani Hilal qui l'a occupé par la suite), localités situées au sud du Maghreb central. Ils formèrent alors une confédération avec les Beni-Badîn. Les deux peuples s’obligèrent par serment, à vivre en bons voisins et à se prêter mutuellement secours pour la défense de leur territoire, qui était toujours exposé aux attaques de leurs ennemis. Leur alliance s’étant ainsi opérée par un contrat formel et par l’influence du voisinage, les Zoghba s’établirent dans le Désert, et les Beni-Badîn sur les plateaux et dans les plaines du Maghreb".
Beni Badine formaient deux groupes : Badine et Rached. Badine eut quatre fils: Abd-el-Ouahad (dynastie des Beni Ziane, Tlemcen), Toudjine (Dynastie des Abd-el-Kouï, Taqdemt, Tiaret) Berzal et Mossab.
Rached fut le fondateur de la confédération des Hachem qui se composait des Béni Yelouma, Beni Ouamanou et Beni Ouacine. Ils quittèrent leur territoire autour du Djebel Rached pour occuper les hauts plateaux. Certains historiens disent sous la pression des £amour, tribu des Beni Hilal.
Or, Ibn Khaldoun nous apprend que la tribu des £amour était plutôt faible. Je cite : "La famille des Amour est une de celles qni s’attachèrent à la tribu d’Athbedj. Les Amour forment deux branches, les Morra et les AbdAllah. Ils n’ont jamais exercé de commandement dans la tribu de Hilal, et tant par leur petit nombre que par le défaut d’union entre leurs chefs, ils n’ont pu se livrer aux habitudes de la vie nomade. Ils demeurent, les uns dans le plat pays, et les autres dans les montagnes. Leurs cavaliers sont peu nombreux. Le territoire qu’ils occupent s’étend depuis l’Auras, du côté de l’orient, jusqu’au Mont-Rached et au Mont-Keçal, du côté de l’occident. Ils se tiennent ainsi dans le Désert et dans le Hodna, car leur faiblesse numérique les empêche de monter dans le Tell d’où ils seraient certainement repoussés par les troupes préposées à la garde des hauts plateaux. Aussi, ne les rencontre-t-on que dans les endroits stériles et aux environs du Désert".
Ainsi, les £amour n'auraient jamais pu repousser les Bani Badine. Ceux-ci se sont déplacés pour soutenir les Almohades, délaissant leur territoire qui a été occupé par les £amour après leur départ et qui lui ont ainsi donné leur nom.
"Les Benu Badine se déplacèrent vers les contrées du Tell et occupèrent le territoire qui va de Queçal jusqu'aux campements des Beni Ourenid qui occupaient la partie Saharienne du territoire méridional de Tlemcen".
Chose significative, une montagne au sud de Tlemcen porte le nom de Djebel Ouargla (note de l'auteur).
"A la chute du royaume Almohade, les Hachem, après s'être établis dans la région du Gheris soutinrent le royaume des Beni Ziane (1236-1534, Tlemcen). Avec les Beni Ameur (Tribu des Zoghba), ils formèrent le makhzen d'élite de cette dynastie jusqu'à la domination turque (vers 1530)".
Les Beni Toudjine ont joué un rôle de premier plan dans la région qui nous intéresse. Ils ont occupé l’Ouarsenis, Médéa et la région de Tiaret dont Frenda.
Ibn Khaldoun a cité les Beni-Tighrerine et les Oulad Aziz, fractions des Toudjine, comme étant connues sous le nom de Hachem. Amran, l'un de leurs chefs, serait l'ancêtre de plusieurs tribus, telles que les Zellalla, les Oulad Rahou, les Oulad Zineb.
A proximité de la ville actuelle de Beni Rached (Chlef), il y a un douar qui porte le nom de Touadjine, terme qui semble être le pluriel de Toudjine et qui confirme l'hypothèse précédente.
Les Hachem des Toudjine, étaient composés de trois fractions : Les Tigherin (Ouarsenis), les Ouled Aziz ben Yaacoub (région de Médéa), les Beni Mengouche (Commune frontalière de Marsa Ben M'hidi, au nord ouest de Tlemcen, au bord de la mer).
Les Beni Idlelten (Toudjine) ont occupé la région de Mendès au Sud de Relizane et se sont installés à Taoughazout (Frenda).
Les Beni Irnaten (Toudjine) se sont établis au sud de l'Ouarsenis.
Les Beni Rached, quant à eux, se sont déplacés vers les monts des Beni Chougrane (Mascara).
Mais la puissante tribu des Beni Rached a complètement disparu. Elle a dû perdre sa cohésion au cours du temps suite aux vicissitudes historiques et au mouvement maraboutique.
On peut supposer que des fractions de cette tribu se sont établies au voisinage de leurs cousins, les antiques Maghraouas qui les avaient précédés lors d'une lointaine migration.
En effet, de nombreuses localités portent également ce nom. A titre d'exemple, je cite :
- Kalaa des Beni Rached, au sud de Relizane.
- Beni Rached, ville au nord d'Oued-Fodda.
- Beni Rached (Gouraya, Tipaza).
- Beni Rached (Birbouche, Djendel).
- Bou Rached (Aïn Defla).
- Bou Rached (Aïn El Hadjar, Saïda).
- Bou Rached (KhalfAllah, Saïda).
- Ouled Rached (Rahouia, Tiaret).
- Ouled Rached (Zemmoura, Relizane).
- Ouled Rached (Dira, Bouira).
- Ouled Rached (Bouira).
- Ouled Rached (Bordj Bou Arreridj).
- Sidi Rached (Tipaza).
Ceci pour donner un aperçu de la notoriété de ce nom. Y-a-t-il un lien entre ces différentes localités et la tribu disparue ?
Selon certaines sources, la tribu des Beni Rached aurait tout simplement changé de nom, pour prendre celui de Hachem, probablement sous l'effet du maraboutisme ou suite à la domination de cette fraction sur l'ensemble de la tribu. Les fractions qui ont gardé le nom de Rached auraient quitté la tribu avant son changement d'appellation.
La tribu des Hachem occupe principalement la région autour de Mascara.
Revue Africaine :
"Les Hachem ne firent leur soumission aux Turcs qu'après avoir obtenu la concession de nombreux terrains tels que ceux du Sig et ceux de Habra. L'attitude des Hachem prétant à équivoque, les Turcs occupèrent la Kalaa des Beni Rached (Au sud de Relizane).
Mais la tribu ne tarda pas à se fractionner. Quatre groupes quittèrent les lieux.
Les Beni Ouacine se fixèrent à Neggad, près de Lalla Maghnia.
Les Beni Yelouma rallièrent Mendas où demeuraient les Flittas des Souaïd (tribu arabe).
Les Hachem s'établirent dans le territoire de la Médjana (Bordj Bou Arreridj) en tant que tribu Makhzen d'El Mokrani.
La quatrième, Aïn Soltane, s'est fixée près de Miliana."
Et, en effet, je trouve :
- El Hachem. Mascara.
Fractions: El Hachem, Amaria, Kellalcha, Khedairia, Khenaïthia, Mezaidia, Ouled Belkacem, Ouled Belmokhtar, Ouled Benamar, Ouled Benmoussa, Ouled Brahim, Ouled Chaoui, Ouled Chenouf, Ouled Djelloul, Ouled Kaddour, Ouled Mazoug, Ouled M'hamed, Ouled Saci, Ouled Sidi Safi, Remaïlia.
Il y a une localité près des Mouafqia de Chlef qui porte le nom de Remaïlia. Il y a également des Ouled Sidi Ben Chaoui à proximité de Yarmoul.
- Hachem-Darough, tribu. Mostaganem.
- Douar Hachem Narou. Mostaganem.
- Beni Hachem. Kalaa des Beni Rached. Relizane.
- Selon certaines sources coloniales, il y aurait également une fraction des Hachem à Chlef, mêlés aux Ouled Qosseïr. Ce seraient les Ouled Khadra (des Khedairia?).
- Hachem. Sidi Lantri. Tissemsilt.
- Hachem. Aïn-Sultan. Aïn Defla.
- El Hachem. Oued Djer.
- El Hachem, Tablat.
- Hachem, Bordj-bou-Arréridj. Originaire de Mascara, cette tribu rallia le royaume des Beni-Abbès et constitua le makhzen indéfectible des Mokrani. Les fractions de cette tribu sont : Aïn Sultan, Medjana, Sedrata, Bou Arréridj, Sidi-Embarek, Sennada, El-Anasser, Guemmour, Tassera, Ain Tagrout, Djaia et Guisali.
Remarquez le nom de Aïn Soltane, cité deux fois. Il existe d’autres localités qui portent ce nom en Algérie. Je ne crois pas que ce soit un effet du hasard. Il s'agit de :
Aïn Soltane : Mascara (Ghriss).
Aïn Soltane : Saïda.
Aïn Soltane : Chlef (Tadjna).
Aïn Soltane : Sétif (Djemila).
Aïn Soltane : Souk-Ahras.
Ainsi, des Berbères se sont arabisés de leur plein gré sans aucune intervention extérieure à part celle du milieu et la réciproque est vraie. Le choix fut délibéré puisque les parents ont d'eux-mêmes décidé de rompre avec leur dialecte probablement pour que leurs enfants parlent la langue prépondérante dans leur environnement.
Ce qui nous permet de comprendre que cette opposition entre Arabophones et Berbérophones (puisque nous sommes dans le domaine de la linguistique) n’a aucune valeur historique. Elle a été savamment dispensée pendant plus d'un siècle à travers une propagande néfaste à tous afin de diviser pour régner. Le but était également de couper l'Algérie de sa profondeur arabo-musulmane dans la perspective d'un esprit de croisade revanchard. Il suffit de consulter les ouvrages édités pendant la colonisation pour relever les propos racistes et méprisants pour les uns et pleins de condescendance pour les autres pour comprendre ce jeu sordide.
Sachez que lorsque nous disons fakroune ou guernina nous parlons Berbère mais lorsque nous disons its£egidh (إعيط) ou rwel (هرول) nous parlons Arabe. La Daridja et le Berbère sont formés de mots arabes et berbères indissociables ainsi que nous l'apprend ce vénérable Targui qui parle de la composition du tissu social.
Les Garamantes. Omar Mokhtari. 1969. Festival culturel panafricain.
Début de citation :"Légende des origines"
"Cette légende peut se traduire par les propos tenus par des chefs touareg, à la fin du XIXe siècle, à un explorateur: "Nous sommes Imohagh, Imochargh, Imajirhen et notre langue suivant les tribus s'appelle Tamahq ou tamacheq; tous ces mots dérivent de la même racine, le verbe iohargh qui signifie: il est libre, il est franc, il est indépendant, il pille. Et si tu nous demandes de mieux préciser les origines de chaque tribu et de distinguer les nobles des serfs, nous te dirons que notre ensemble est mélangé et entrelacé comme le tissu d'une tente dans lequel entre le poil du chameau avec la laine du mouton. I1 faut être habile pour établir une distinction entre le poil et la laine. Cependant, nous savons que chacune de nos nombreuses tribus est sortie d'un pays différent". Fin de citation.
Tous ces mots dérivent de la racine HĠ ou ZĠ qui donne amazigh, tamazight, tamaheq, tamacheq... Il serait intéressant de savoir si la lettre d'origine est le "h" ou le "z".
11
Le Berbère
1994
Il y a cinq mille ans, le Berbère était la langue parlée par l'ensemble des populations, probablement hétérogènes, sédentaires ou nomades, qui vivaient dans les contrées situées au Nord du continent africain, à l'ouest de l'Egypte des Pharaons.
L'étendue du territoire berbère dans sa diversité et ses particularités ne peut que nous inciter à nous poser certaines questions relatives aux causes probables d'une extension de cette envergure.
Nous réalisons instinctivement que cette extension du Berbère au cours de cette période de l'histoire de l'humanité n'est pas un phénomène courant entrant dans la nature des choses. Le Berbère a dû supplanter d'autres langages, effacer d'autres idiomes au cours de sa progression lors d'une lointaine migration ou d'une conquête oubliée qui se perd dans la nuit des temps et dont la mémoire de l'homme ne garde aucun souvenir.
Les savants de linguistique berbère situent à une dizaine de millénaires la séparation du berbère de l'entité chamito-sémitique. Ce qui remonte directement au néolithique et ses profonds bouleversements sociaux.
Le Berbère a dû subir au cours de sa vie millénaire de nombreuses transformations tant du point de vue phonétique que de celui de la morphologie ou de la syntaxe. Des centaines de racines ont disparu ; (il est facile de s'en convaincre en remarquant le silence des lexiques sur les mots relatifs à la guerre, à l'astronomie...) des centaines d'autres n'ont pas de sens connu à l'heure actuelle ; ce sont notamment celles relatives à la toponymie ou à l'anthroponymie (noms de lieux ou de personnes). D'autres ont subi des transformations qui les ont rendues totalement méconnaissables par la variation d'un ou de plusieurs éléments de la racine d'origine. D'autres enfin sont parvenues jusqu'à nous. Certaines sont défigurées, amoindries ou mutilées, l'essentiel de la masse lexicale étant disséminé à travers les dialectes berbères et arabes.
Certaines racines berbères ont été latinisées de telle manière qu'il est difficile voire impossible aujourd'hui de retrouver la racine d'origine. (Noms de lieux, de personnes ou de tribus de l'époque romaine).
Si les dialectes Berbères ont puisé à outrance dans le réservoir linguistique arabe notamment dans le domaine religieux, de même les dialectes arabes contiennent un nombre appréciable de racines berbères qui touchent essentiellement au domaine de l'habitat, de la faune et de la flore. Certains mots se sont maintenus à travers les proverbes, les devinettes ou le langage enfantin.
Du point de vue de la syntaxe, le Berbère et l'Arabe dialectal sont identiques à de quelques rares exceptions prés. Les mêmes règles régissent la répartition des mots à l'intérieur de la phrase. Deux parlers jumeaux dans deux langues différentes. Cette particularité est la preuve sans doute que l'origine des deux langues est la même.
La particularité suivante m’a rendu perplexe, au début. Pourquoi les dialectes berbères utilisaient des racines identiques à celles de l'Arabe classique, mais paradoxalement, complètement inconnues chez la population arabophone. Le terme le plus flagrant est muqel (regarde). L’Arabe classique correspondant est maql (regard), muqla (rétine). Ce terme est totalement inconnu des dialectes arabes.
12
Racines communes
A présent essayons de repérer quelques racines communes qui ne peuvent provenir d'un emprunt. Il convient d'éviter les dictionnaires qui comportent une pléthore de néologismes. Ils dénaturent et étouffent le Berbère au risque d'en faire une langue 'artificielle" sans lien avec ses locuteurs traditionnels.
ils: langue. Arabe : لسان lis(an).
sin : deux. Arabe إثنين ithnayn le th arabe étant un s à l'origine et le mot est à la forme du duel (deux).
assenan : épine. Arabe : سنان sinan (fer de lance), sin سن : dent.
agur, ayur : lune. Arabe : awara (allumer).
ithri : étoile Arabe : ثريا thuraya (Akkadien Ishtar, déesse de l'amour et de la guerre, Venus, English Star Français Astre).
els : vêtir. Arabe لبس lbs libas.
axam ou akham : maison. Arabe : خيمة khaïma tente.
la : particule d'affirmation Arabe : la (même sens).
aghrum : pain. Arabe : قرامة qourama (morceaux de pain qui demeurent collés au four)
muqel : regarder. Arabe : مقل maql : regard.
knu : plier. Arabe : حنا hana yahnu : plier, courber.
lmdh : élève. Arabe : تلميذ tilmidh.
ikhf : tête Arabe : يأفوخ yafoukh ملغيغة.
taddart : village. Arabe دار : maison.
awragh : jaune, or. Arabe : youri (allumer).
adrar : montagne Arabe : ذروة dhurwa sommet.
ughan(im) : roseau Arabe : قناة qanat. Le "im" serait la marque du pluriel phénicien et hébreu.
igenni, ajenna : ciel. Arabe : جنة djenna.
nnif : nez. Arabe : أنف anf
amudhin : malade Arabe : مريض maridh.
ali : élever, monter Arabe : عال £ali : haut.
ers : descendre Arabe : رسا rasa, marsa : s'arrêter, descendre, port
tamettant: mort. Arabe : موت maout
aserdun : mulet. Arabe : برذون birdaoun
ggul : jurer. َArabe : يقول yaqoul : dire
nekwni : moi. Arabe : نحن nahnou : nous (noter la ressemblance avec le Français).
iger : champ. Sumérien : agar : champ.
ighzer : torrent. Arabe : غزير ghazir : forte (pluie), dru.
ikerri : mouton. Akkadien : kerru, karru.
asif : oued. Arabe : سيف berge (mer, oued).
yiwen : one, un, adin (Indo-Européen). Certains penchent pour une origine afrasienne en comparaison avec les langues sémitiques anciennes.
Je pense que c'est suffisant pour que le lecteur puisse se faire une idée là-dessus. Il va sans dire que ce sujet est intarissable. Je n'ai pas mentionné les ressemblances grammaticales qui sont nombreuses et dont certaines sautent aux yeux.
Le Berbère semble avoir conservé des formes anciennes. Les racines bilitères sont nombreuses et certaines comportent peut-être des voyelles, à moins de supposer la perte d'une consonne.
Il y a encore des gens qui émettent des doutes sur l'existence même de l'Afrasien (َAfro-Asiatique ou Chamito-Sémitique malgré ces démonstrations linguistiques retentissantes.
13
De la migration des mots
S'il y a eu déplacement de populations, il y a eu également migration de modes de vie, de langues et de mots. Il s'agit de les repérer dans les lexiques. Ce sont des mots de base du langage relatifs aux actions et aux choses élémentaires et bien sûr à l'agriculture et à l'élevage...
Assurément, les langues n'étaient pas écrites il y a dix mille ans. Mais qu'elle est la durée de vie d'une langue donnée ? Peut-on espérer remonter aussi loin?
Certainement, surtout quand il s'agit d'une famille de langues dont les dialectes dérivés sont connus et conservent un lexique commun. Dans le cas du Sémitique, certains de ces dérivés (tel l'Akkadien) ont été enregistrés très tôt, même s'ils ont disparu par la suite, et permettent d'apprécier l'état de ces langues à une période donnée et son évolution par comparaison des différentes époques.
Mais bien qu'il soit hasardeux de remonter si loin dans le temps, c'est une voie qu'il convient de ne pas négliger dans les recherches, quelle que soit la fragilité de ses résultats.
Concernant le mot "acheter", le dictionnaire akkadien donne, entre autres, le terme qanû: to buy (باع) purchase" qui semble se rapprocher du mot arabe اقتنى Acquérir (deux syllabes identiques en Français) dont la forme ancienne serait قنى. Ce mot acheter "a(q)ter" peut très bien dériver du premier et avoir le même sens originel. Ce n'est qu'une supposition.
Je trouve aussi nadānu : to give, hand over, offer (donner) qui correspond à l'Arabe ندى (générosité).
Il y a également marāṣu : to be sick, même terme que "maladie" ou مرض. Le "um", simplifié parfois en "u" est similaire au "un" ou "u" arabe situé à la fin des mots (tanwin). C'est la mimmation qui sera remplacée en Arabe par la nunation. Le terme non conjugué est donc "marāṣ".
Ainsi, nous utilisons encore des termes qui ont plus de 6000 ans.
Très intéressant !
Conclusion
L'humanité provient d'ancêtres communs. La religion et la science sont unanimes sur ce point essentiel avec des différences liées à leur approche du sujet.
L'homme est né en Afrique, dit la science. De là, des groupes successifs se sont déplacés pour occuper la planète toute entière au cours des âges. Mais c'est l'Asie qui fut le creuset de l'Humanité. C'est là que se sont réunies les vagues successives sorties d’Afrique. Elles se sont séparées à nouveau pour occuper des espaces de plus en plus larges. A l'époque dont nous parlons, il n'y avait ni états ni frontières mais les groupes étaient organisés. Ils savaient que seule l'union fait la force. Ils se sont agglomérés en clans et en tribus pour affronter l'infortune et être de moins en moins vulnérables aux vicissitudes et aux aléas.
Il y a dix mille ans, un groupe linguistique considérable s’est formé dans le continent asiatique qui est le seul où figurent tous les types humains. Ce groupe parlait des dialectes apparentés. Lorsque les ressources alimentaires disponibles ne suffirent plus à satisfaire ses besoins car une grande partie de son territoire avait été prise dans les glaces, ce groupe a éclaté. Les morceaux se sont séparés à la recherche de territoires moins peuplés et plus cléments.
Mais l'homme a-t-il vraiment changé sous l'effet de la civilisation, cette lumière censée éclairer son chemin et lui indiquer la voie à suivre ?
Je laisse au lecteur l’initiative de la réponse.